La région comprise dans un cercle d’une centaine de kilomètres de diamètre, dont le centre serait Milan, et comprenant notamment les villes de Monza, Bergame et de Crema constitue le fer de lance de l’industrie italienne des cosmétiques. Selon le Polo Tecnologico della Cosmesi, l’organisation représentant une grande partie de ces fournisseurs, la zone regroupe environ 590 entreprises du secteur beauté, qui ont généré 5,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017, employant plus 25.000 personnes. Il s’agit principalement de fabricants de machines dédiées à l’industrie de la beauté (réalisant plus de 365 millions d’euros de chiffre d’affaires et employant plus de 1300 personnes), de fabricants formules (3 milliards d’euros, avec 14 000+ employés) et de fabricants d’emballages (2 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec 10 000 employés). Toujours selon le Polo, 65% des produits de maquillage vendus dans le monde sont fabriqués dans la zone.
Face à une demande mondiale en constante augmentation, en volume comme en qualité, au cours des cinq dernières années, le pôle beauté italien s’est véritablement transformé, démontrant une fois de plus sa capacité d’adaptation.
Investissements massifs
La toute nouvelle usine de 30.000 m2 d’Artcosmetics, qui constitue également son siège social, est emblématique de la transformation des spécialistes italiens du maquillage. De 33 millions d’euros en 2010, le chiffre d’affaires net de l’entreprise est passé à 108 millions d’euros (prévu) en 2019.
Situé à Fornovo San Giovanni, près de Bergame, le nouveau site abrite un centre d’innovation et un laboratoire de R&D couvrant plus de 1500 m2 et la capacité de production en vrac d’émulsion et anhydre a plus que doublé.
Gotha Cosmetics a réalisé une opération similaire il y a un an. L’entreprise, également spécialisée dans la conception et la fabrication de produits de maquillage, a déménagé dans un nouveau site administratif et industriel, à quelques encablures de son ancien emplacement au nord de Milan. Le nouveau site comprend 3000 m2 de bureaux, une surface de production de 12000 m2, soit le double de la taille de l’usine précédente, l’ensemble représentant un investissement de plus de 10 millions d’euros.
Et les fabricants de packaging ne sont pas restés à l’écart du mouvement général ! Lumson, qui a quasiment doublé de taille en cinq ans (le chiffre d’affaires est passé de 49 millions d’euros en 2013 à 96 millions en 2018, soit une croissance de 15% par an, en moyenne), a fortement investi dans l’augmentation et la modernisation de ses capacités de production. L’entreprise dispose aujourd’hui d’un quartier général flambant neuf à Capergnanica, dans la banlieue de Crema, adossé à un nouveau site de production dédié aux pièces techniques, principalement les pompes airless et atmosphériques, et à un entrepôt entièrement automatisé. Depuis juin 2019, la capacité installée est de 135 millions de pièces, contre 90 millions auparavant. Deux ans après l’acquisition de Lepolast, spécialiste du packaging pour rouges-à-lèvres, Lumson a tout récemment renforcé son activité maquillage avec l’acquisition de Marino Belotti, une société spécialisée dans la production de compacts et boitiers pour poudres.
Agilité et flexibilité
Pour accomplir cette transformation, le tissu des fournisseurs italiens a dû également adapter sa structure capitalistique. Majoritairement familiales, les entreprises de la filière beauté ont peu à peu ouvert leur capital à des fonds d’investissement, dont certains sont parfois devenus majoritaires.
Dans un contexte où le marché mondial du maquillage semble ralentir, le tissu industriel italien peut toutefois toujours compter sur la flexibilité de son réseau, composé également d’une multitude d’entreprises de petites tailles, capables de traiter en manuel de petites quantités ou des commandes complexes. Une structure agile et flexible qui, associée à la créativité et à une remarquable connaissance produits, constitue un des principaux atouts de ce cluster.